Origo
Les premières images d'Origo, je les voulais belles. Pour moi, l'état de femme enceinte était mystérieux. Ces images, je les ai conçues en réponse à ce sentiment: les corps sont à peine dévoilés.
Sans aucun lien apparent, j'avais photographié mon sang. Je l'ai souvent trouvé beau. Ce sang si rouge et cette cuvette si blanche...
Pendant cinq ans, j'ai été hantée par cette femme enceinte. Ce corps rond qui portait la vie me fascinait sans trop comprendre pourquoi. C'est au moment, où une petite vie est né au fond de moi, que j'ai enfin réalisé: ces images étaient en réalité le témoignage de mon angoisse.
Dans ces images, sous-exposé le corps est rouge, comme ce sang vidé de mon corps (qui indiquait à l'époque qu'il n'y avait pas de bébé dans mon ventre).
Je crois que j'avais peur de ne jamais pouvoir être enceinte. J'ai toujours eu cette angoisse en moi. Et cette stérilité m'avait toujours hanté plus ou moins consciemment. C'est pour cette raison, qu'il m'a été inconcevable de me photographier comme les premières Femmes d'Origo.
Pendant toute ma grossesse j'ai eu le sentiment, la sensation qu'il s'agissait d'une illusion. Ma grossesse me semblait impossible. Il a donc fallu que les images témoignent de cet état de rêve.
C'est donc naturellement l'inverse qui s'est imposé à moi; mon corps rond est surexposé laissant apparaître mes formes sur fond blanc.
Est-ce une allégorie: Enfer-Paradis? Je ne sais pas.
Et ce sang? Je pense qu'il est le lien entre les deux séries.